Fabrication de ma première selle western avec Mich'

[Amélia]

On utilise pour cela des rivets en cuivre frappés.

Préparation des gabarits pour enveloppes avant, puis mise en place et repère sur les skirts.

Préparation du support pour coller - il faut systématiquement poncer la zone à encoller si on se trouve côté fleur :



Ce coup-ci, les enveloppes avant seront cousues à la main car l'ensemble est trop épais pour passer à la machine, du fait que les skirts soient bombés...



Que le fil soit taché n'a pas d'importance puisque ces coutures seront couvertes par le siège.


Les skirts sont enfin prêts à recevoir la peau de mouton !

[Amélia]

Le poil de mouton use énormément les lames, c'est pourquoi on ne coupe que la peau puis on sépare les poils ensuite, facilement.

On positionne les skirts sur la peau. Il faut faire très attention au positionnement, pour ne pas se retrouver dans l'aisselle qui ne comprend que la peau et des poils ras. D'autant que les skirts nécessitent d'être doublés avec une densité à peu près égale partout, et symétriquement. Ceci est très important pour l'équilibre de la selle, surtout à long terme.



On trace le contour, on encolle, on applique le skirt contre le mouton puis on retourne la pièce pour bien lisser uniformément en appuyant non plus côté cuir mais côté mouton. On surtaille ensuite le rabe qu'on avait laissé avant le collage.



Et on coud !

[Amélia]

Le back cantle est collé, entre temps. Il faut bien pincer les languettes au moment de la pause pour réussir à plaquer la pièce tout contre les angles, dans la jonction entre le cantle et les barres d'arçon. Il ne doit y avoir aucune bulle d'air, et on exécute le travail en s'aidant d'une lissette et d'un chiffon doux pour plaquer l'ensemble.



Découpe du mouton à hauteur des ringing plates.

[Amélia]

A la tondeuse pour chevaux, on dégage les bords des skirts pour avoir une belle découpe à peine biaisée. On voit la différence entre la photo précédentes des ringing plates (avant la tondeuse) et cette photo-là, après passage de la tondeuse :



La tondeuse nous sert également à dégager du mouton là où sera le laçage entre les deux skirts :



On finit de coudre les skirts au-dessus des ringind plates :

[Amélia]

Nous arrivions au terme de cette merveilleuse semaine quand nous avons procédé au laçage des skirts :

[Amélia]

Le latigo malheureusement se retrouve trop court pour finir le laçage comme il faudrait. Mais les bouts sont encollés et le tout est si serré que ça ne bougera pas. Le laçage est martelé sur les skirts. Avant d'être enfilé, le latigo a été abat-carré pour avoir un effet bombé.



Voilà où nous en sommes :






Elle est belle, hein, elle est belle ?




Prévu au programme pour la terminer :


- Coller le fork cover et clouer le festonnage,
- doubler, coudre, monter et vriller les fenders,
- faire toute l'assise
- apporter les accessoires : attaches avant, arrière, latigos strings.


Je crois avoir fait le tour. Je ne vous raconte pas ma hâte à revenir la terminer...

[Amélia]

Merci beaucoup pour vos messages et votre intérêt !

[Cylène]

Bonjour par ici, et bien quel travail! J'avais vu la fin de celle de Thérèse mais pas encore la tienne. Tu étais presque au bout, l'as tu terminée? Essayée?

J'aime particulièrement le dessin des Fenders. C'est classe, "fin", pas trop chargé. Bref j'aime bien. Je n'aime pas que ça hein! Je mets juste le doigt sur mon petit coup de cœur.
Merci pour ce reportage bien détaillé, on voit vraiment les étapes et c'est important. Et toujours les explications qui vont avec.

En tout cas tu es bien souriante sur les photos, on ne peut pas dire que le travail était déplaisant hihi!

Question peut-être "bête" :
L'investissement de temps (et d'argent) empêche d'en faire une sans raison bien entendu, mais si tu venais a changer de cheval, ou si une "amie", un client, t'en demanderais une, reprendrais tu cette énergie pour le faire?
Je le demande car j'ai pu croiser sur forums, mais aussi dans la vie réelle, quelques personnes qui se sont lancées comme toi dans leur "toute première selle", mais celle ci est restée définitivement "la toute première" mais surtout "la toute dernière" et ça ne changera probablement jamais.
Je trouve ça tellement dommage (mais tellement compréhensible aussi!), c'est juste de la curiosité

J'espère que cette selle te donnera énormément de plaisir dans tes randos (ou autres) à venir!

[Amélia]

Bonjour Cylène, merci beaucoup pour ton message.

Le dessin des fenders a été réalisé par Mich'. D'où cette magnifique harmonie en effet

Mon sourire est aussi bien dû à la tâche qu'à Mich' qui me fait beaucoup rire quand on travaille ensemble !

Pour répondre à ta question, qui n'est pas bête du tout : oui, je suis plus que prête à en refaire. Comme tu l'as relevé, c'est un gros chantier, chaque fois recommencé depuis le début. Mais je vais me lancer officiellement en septembre et je compte bien proposer ce modèle de selle en vente. Il me faudra prendre mon courage à deux mains pour reproduire un tel travail, ce coup-ci toute seule. Mais c'est en forgeant...
J'ose espérer que chaque nouvelle selle sera à peine moins difficile à réaliser que la suivante.
J'ai déjà commandé l'arçon pour la deuxième.
En revanche, celle-ci n'est pas encore terminée. Ni essayée. J'ai espoir que nous la finissions à la fin de l'été, mais il faut jongler avec les impératifs et calendriers chargés.

[Amélia]

Coucou les amis,


Je reviens avec un sacré reportage, qui se fera en plusieurs soirées car je compte 86 photos à vous partager, avec les explications qui vont avec !


De retour à l'atelier de Mich', nous poursuivons le travail sur la First Lady.


On va s'attaquer au siège définitif. Pour cela, il faut mettre en forme et plaquer ce cuir blanc qui sert à recouvrir le strainer métallique. On coupe le bout de la pièce en fentes pour gagner en souplesse et étirer le cuir, le plaquer contre le bord du hand hole, ce trou par lequel passe la main quand on porte la selle.



Ici, mes fentes sont trop petites et trop éloignées de la partie à travailler, ce qui me rend la tâche trop difficile.


On arrange donc la chose en en coupant plus, et plus près du hand hole. Normalement, on ne découpe pas vraiment des fentes, mais plutôt des V.
On utilise la lissette et la force des mains pour plaquer le cuir. Il ne faut pas de bulle d'air !




Puis on colle solidement, toujours en veillant à supprimer les bulles d'air au niveau de la pliure. Et on pare à 0 car le siège final se positionnera dessus et il ne faut aucune surépaisseur.

[Amélia]

On positionne les back jockeys, on veille à les centrer et apposer comme il faut la pièce de jonction. Il faut aussi bien s'aligner sur le centre des skirts que le centre du carving, et tricher un peu si tous les milieux ne sont pas alignés.


Puis couture de la pièce de liaison, ici N°1...
(et à la main)



Encollage du fork :



Au moment de poser la pièce de cuir, il faut absolument commencer par l'avant du fork, puis rabattre le cuir vers l'arrière tout en maintenant fermement l'avant. Sans quoi, l'avant du fork va buller, alors que son pli doit être plaqué contre le cuir du gullet. En même temps, il faut vérifier qu'on se centre bien à la base de la corne.
Puis on termine la fixation par quelques petits clous en bas du fork.

[Amélia]

Puisque le fork est collé, il faut maintenant clouer son festonnage, dans le gullet. On pose la selle confortablement et soigneusement, qu'elle ne se tache ou ne se raye pas.

On cloue en commençant par le milieu, avec des clous en laiton.





On coupe le rabe de cuir sous la selle, appartenant au cantle. Ce morceau passe entre les deux barres et doit s'arrêter proprement à la naissance du strainer, tout en recouvrant bien l'arçon entre les deux barres.

[Amélia]

On peaufine également la coupe du ground seat qui débordait un peu devant les passages d'étrivière.



A présent, pour attaquer le siège définitif, il nous faut fixer trois éléments. En effet, le siège va être moulé sur l'ensemble de la selle et si les éléments sont amovibles et fuyants, on manquera de stabilité et on se trompera dans les découpes, les fixations, etc.


- fixer les skirts à l'arçon par des clous ou des vis, devant en vissant les enveloppes :



- derrière en clouant les back jockeys :

[Amélia]

- et au milieu par une pièce de cuir de chaque côté, clouée à l'arçon. Cette pièce de cuir sert à mouler le siège en s'appuyant dessus, donc sur du rigide, et non pas sur du vide qui déformerait le siège. Cette pièce de cuir est parée à 0 pour éviter la surépaisseur sous le siège et éviter de marquer le cuir du siège lors du moulage.

[Amélia]

L'ensemble est donc prêt pour accueillir le moulage du siège.


On mesure grossièrement la taille du siège, en prenant de la marge par tous les côtés.


Puis on trempe abondamment, abondamment ! la pièce de cuir. On la positionne sur la selle, et on réalise une fente qui va jusqu'au hand hole pour libérer la matière et pouvoir plier le siège.



Pour mouler le siège, on commence par rabattre et plaquer les côtés. On plie là où le siège remonte, pour gagner en souplesse sur les côtés. Il faut mettre en forme d'avant en arrière, et sur la droite et la gauche. Mais les côtés passent avant, et l'avant-arrière sera fait après les côtés. En pliant le siège, on frotte le bout rond d'un brunissoir côté chair pour gagner un peu de matière en étirant le cuir.



On peut enfin rabattre l'arrière, former l'arrondi du siège là où poseront les fesses. On dégage encore de la matière en coupant de chaque côté deux fentes ondulées, situées aux bases du cantle.

[Amélia]

On recoupe un peu le cantle dans les angles...





C'est-à-dire que les angles du siège s'insèrent entre le cantle et les back jockeys.
A ce stade, le siège est découpé selon une position précise et il faudra garder cette position jusqu'au bout. Il doit toujours rester ainsi, selon ces deux repères : la fente qui va jusqu'au hand hole, devant, et les deux fentes qui s'imbriquent dans le cantle.

[Amélia]

Il faut maintenant attaquer les découpes définitives, de plus en plus précises. On commence en prenant de la marge :



Et on ajuste au fil des coupes.

[Amélia]

Le cuir est fixé avec des pointeaux, et on trace à même la selle la forme longitudinale du siège.



La forme est définie selon les goûts, l'harmonie des rondeurs, mais surtout, il faut que le siège cache et recouvre les enveloppes des skirts.


On découpe à plat pour plus de facilités.



Il faut maintenant reporter la symétrie pour couper l'autre côté. Attention, il ne s'agit pas de plier le cuir et tracer la coupe sans réfléchir. D'abord, on reporte la forme découpée sur un grand carton. Puis on repositionne le siège sur la selle, avec les pointeaux. De là, on plaque le carton et on regarde si la forme supposée permettra, de l'autre côté aussi, de recouvrir les enveloppes.
On a failli se retrouver coincés à ce stade car le rabe du siège côté avant droit était insuffisant. On a donc reporté la forme gauche à droite, vérifié, puis on a raccourci la forme à gauche en se calant sur le rabe manquant à droite. Et en vérifiant, toujours ! que ça recouvrait bien les enveloppes de chaque côté.

[Amélia]

Le siège est à sa forme quasi définitive, hors cantle.


On repositionne le siège, on le fixe des deux côtés avec les pointeaux. Ces points de fixation sont importants. Ils serviront, pour ceux de l'avant et ceux de l'arrière, à la fixation des conchos.



Tant que le cuir est bien trempé, on utilise la plyer clamp pour marquer le pli du haut du siège. Il faut que le haut soit bien rabattu contre l'arçon, et forme un arrondi qui part vers l'arrière. Cela est plus joli, et permet notamment d'avaler la surépaisseur future du binder...



Le siège est mis en tension par le saddle stand pour la nuit entière, afin de prendre la forme.


Bonne nuit...

[Mich']

Hello,

Je n'ai pas encore tout lu, mais ce ne sont pas des pointeaux, mais des poinçons de sellier...

[Amélia]

Au lendemain matin, j'attaque le carving du siège.




Pour le border corde, je trace deux lignes de contour. Ici, j'ai tracé les lignes à peine trop écartées. 7mm au lieu de 6 ou 6,5mm grand maximum. Ce qui fait que la corde laisse apparaître du blanc entre les deux lignes et c'est moins joli. Tant pis.

[Amélia]

On attaque ensuite le gabarit des rosaces.



Et on sort cette série de petites pièces pour accessoires :



Maintenant, on teinte l'ensemble des pièces pour les harmoniser avec le reste de la selle. Toujours avec du light brown.

[Amélia]

Pour faire de grandes surfaces sans tacher, il faut appliquer l'antique au pinceau, en appuyant fort et en en mettant beaucoup, de manière circulaire. Puis essuyer avec un sopalin en frottant le cuir. Ni trop fort pour ne pas le rayer, ni trop peu sans quoi l'excédent d'antique tachera.



On passe alors au gabarit de l'inlaid padded seat, c'est à dire l'insert matelassé.



L'inlaid est taillé dans de la mousse EPDM à cellule fermée, de 10mm. On découpe la mousse à 3mm du bord du gabarit, puis à la ponceuse, on forme un bord biseauté.

[Mich']

La mousse est une mousse EPDM à cellules fermées de 10 mm

[Amélia]

On encolle la mousse et le cuir de l'inlaid. Ce cuir doit être assez épais pour être robuste, mais avoir du prêtant tout de même. Pour coller les deux éléments, il faut éviter de le faire à plat car l'inlaid sera incurvé dans le creux du siège, et remontera légèrement à la base du "dossier". On essaie donc de lui donner d'ores et déjà la forme définitive qu'il prendra sur le siège. On plaque également bien le cuir partout sur la mousse, jusqu'au bout des bords, et sans faire de pli. Il ne faut pas se rater car la mousse est très fragile. Si on colle mal, elle se déchirera et il faudra tout recommencer avec une nouvelle mouse, et un nouveau cuir.